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« Écoute-moi, Ô Dieu.
Je ne T’ai jamais parlé ainsi de toute ma vie,
mais à présent, je sens le besoin de m’adresser
à Toi.
Tu sais que depuis mon enfance,
on m’a enseigné que Tu n’existais pas.
Tel un sot, je les ai crus.
Je n’ai jamais contemplé Ta Création,
et cependant, ce soir, accroupi
dans mon trou d’obus,
je m’émerveille en regardant les étoiles brillant
au dessus de moi,
et soudain, j’ai découvert la cruauté du mensonge.
Mon Dieu, étendras-Tu Ta main jusqu’à moi ?
Je me le demande.
Mais je vais te dire ceci, et Tu comprendras.
N’est-ce pas étrange que la Lumière
viendrait sur moi,
et je Te vois au milieu de cette nuit d’enfer,
et il n’y a rien d’autre que je puisse dire.
Cela étant dit, je suis heureux
que j’ai pu apprendre à Te connaître.
A minuit, ils ont prévu une attaque.
Mais Tu regardes, et je n’ai pas peur.
Le signal.. hé bien, je pense qu’il faut
que j’y aille.
J’ai été heureux avec Toi.
Je voudrais encore dire ceci.
Comme Tu le sais bien, le combat sera cruel,
et il est possible que ce soir
je vienne frapper à Ta porte.
Bien que je n’ai pas été Ton ami auparavant,
me laisseras-Tu entrer si je viens?
Pourquoi donc suis-je à pleurer, ô mon Dieu,
mon Seigneur ?
Tu vois ce qui m’arrive.
Ce soir, mes yeux se sont ouverts.
Au revoir, mon Dieu.
J’y vais, et je risque bien de ne pas en revenir.
Aussi étrange que ça,
mais je ne crains plus la mort. »
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( Alexandr Zasipa, mort au combat.)
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